Naître Doula

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Demain est un joli jour, le jour où débute ma formation de Doula à l’institut de formation Doulas de France. Je suis impatiente de vivre cette belle expérience, j’imagine déjà les jolies rencontres. je suis prête. J’aime avoir la sensation d’une belle porte qui s’ouvre vers de nouvelles choses, un renouveau.

Pour « postuler » à la formation, on m’a demandé d’écrire mon « chemin de vie ». j’ai aimé cet exercice, j’ai aimé prendre le temps de l’écrire et je le partage ici avec plaisir.

Vivement demain!

 

Je suis Leslie, 34 ans, Parisienne, amoureuse de Lulu depuis 15 ans, devenu mon mari depuis quelques mois. Nous avons deux filles de 6 ans et 4 ans.

En 2010, j’ai découvert la maternité en donnant naissance à Ma Grande; j’ai ressenti le lien qui se tisse entre une mère et son enfant, le bonheur, les craintes, la douceur, le chamboulement de  ce que j’étais, les changements dans notre couple, une nouvelle vie à 3…

En 2012, ma deuxième fille, Ma Petite, est née. Après un accouchement classique « à la française » pour mon aînée, j’ai eu la sensation que j’avais envie de vivre autre chose pour cette deuxième grossesse, de vivre pleinement sa naissance, d’être actrice de sa naissance, sans péridurale, sans trop d’interventions médicales.

Nous avons choisi d’accueillir notre bébé dans un hôpital « ami des bébés », mais au fond de moi, je pense que je souhaitais vivre un accouchement à domicile mais je n’ai pas trouvé, faute de réseau développé, les professionnels pour m’accompagner dans ce projet.

Finalement, Ma Petite est née à la maison, dans les mains de son papa (mais sans assistance médicale) après un travail de plusieurs heures, car inconsciemment j’avais sans doute peur d’être guidée à la maternité dans un sens qui ne me conviendrait pas (péridurale et autre intervention…).

J’ai conscience aujourd’hui du danger de voir naître son bébé sans assistance, mais j’ai surtout pris conscience que c’est le système actuel qui fait que je n’ai pas trouvé les bons interlocuteurs en périnatalité pour aborder l’idée de l’Accouchement à domicile (AAD) en étant bien accompagnée par une sage-femme et une doula.

Avec la naissance de Ma Petite, j’ai aussi découvert les galères de l’allaitement (mastite, mycose, engorgement, et allaitement qui démarre difficilement). J’ai alors commencé à participer à un groupe de soutien à l’allaitement de la Leche League d’abord pour moi et puis au fil des mois j’y ai pris une part très active, j’ai lu beaucoup autour de la lactation humaine et ce sujet a commencé à me passionner. Ce que j’ai apprécié le plus dans les échanges mensuels avec les mamans, c’est écouter leur récit d’allaitement, leur histoire de vie avec leur bébé, avec leur conjoint. Écouter et guider vers les bons interlocuteurs pour que les familles trouvent le chemin qui leur convienne, qui leur ressemble.

Je travaillais à cette époque en tant que chef de projet dans la communication. À la naissance de mes filles, j’ai eu envie de donner davantage de sens à mon engagement professionnel, de faire ce à quoi je pensais depuis un moment, avoir un métier utile, dans le domaine de la petite enfance.

Après un bilan de compétences, j’ai opté pour la formation d’auxiliaire de puériculture, avec en tête l’idée de travailler en maternité, pour pouvoir accompagner les couples dans l’accueil de leur bébé (allaitement, premiers soins …), je ne connaissais pas encore ce qu’était une « doula ».

J’ai découvert « les doulas » par hasard durant un stage effectué à la maternité des Lilas en 2014. Sur mes 4 semaines de stage, j’ai vécu une semaine de stage très riche en salle de naissance. Un matin, une future maman est arrivée en plein travail, elle souhaitait que son bébé naisse de façon physiologique (après des naissances assez assistées pour ses deux premiers enfants). Une sage-femme, avec qui j’avais par hasard parlé la veille d’accouchement physiologique, et d’accouchement à domicile (et du mien notamment) m’a demandée si je me sentais à l’aise pour rester avec cette maman durant la naissance de son bébé.

Je ne connaissais pas cette maman, je suis entrée dans la salle d’accouchement, me suis présentée et lui ai proposé de rester. Elle m’a regardé, j’ai pris sa main et je ne les ai plus quittés, elle, son mari et leur bébé. En fait, j’étais juste là, j’ai respiré avec la maman je l’ai encouragée. J’ai partagé aussi avec le future papa, qui me posait des questions de temps en temps. Nous étions comme dans une bulle, le temps était suspendu. Leur bébé est né dans l’eau, comme un cadeau. C’était magique.

La sage-femme qui m’avait proposé d’être auprès de cette maman m’a dit après la naissance « tu as accompagné ce couple comme l’aurait fait une Doula, C’était magnifique »

Le hasard a fait que j’ai revu cette maman et son bébé dans la rue, près de l’hôpital, quelques mois après alors que je venais de prendre mon premier poste d’auxiliaire de puériculture en PMI. Elle est ensuite venue très souvent à la PMI, notamment aux atelier parents-bébés que j’anime une fois par semaine. Elle m’a parlé de ses questionnements, autour de l’allaitement, de la reprise du travail, de la place du père… j’ai continué à être un peu sa doula, mais dans un cadre non défini.

Aujourd’hui, je suis donc auxiliaire de puériculture en PMI. J’accompagne depuis 2 ans les couples et leur bébé après la naissance. J’aime particulièrement le moment des premières visites des familles à la PMI après la naissance de leur bébé. Nous nous asseyons ensemble pour prendre le temps de nous connaître un peu plus, je les écoute longuement. J’aime prendre ce temps avec les familles.

J’accompagne aujourd’hui toujours les couples en post-natal car nous ne faisons pas de suivi pré-natal dans le centre où je travaille. Même si dans le cadre privé, j’accompagne déjà mes amis durant leurs grossesses, j’aimerais apprendre d’avantage sur l’accompagnement pré-natal effectué par une doula aujourd’hui.

Au fond de moi, j’ai le sentiment d’être déjà doula, comme si c’était ancré en moi.

Mais j’ai également le désir de me sentir plus légitime dans mon rôle de doula et l’envie profonde de vivre cette année de formation comme une nouvelle belle expérience de vie.

Je souhaite avancer dans mon cheminement professionnel, prendre de l’assurance au contact d’autres futures doulas et des doulas/formatrices expérimentées.

J’aime profondément l’idée de pouvoir partager avec d’autres femmes ayant des parcours divers et riches. J’ai la sensation que j’ai toute ma vie été portée et guidée par des femmes; L’idée du marrainage par les Doulas expérimentées me plait également car je crois que pour avancer j’ai besoin de parler de ce que je vis au quotidien.

Ce qui m’anime, c’est le fait de penser que la naissance est précieuse, je crois sincèrement que la manière dont on est attendu par ses parents, la manière dont on nait, façonne le petit être que l’on va devenir en grandissant et l’adulte que l’on sera demain dans notre société.

J’aime l’idée de pouvoir accompagner les parents sur ce chemin. « Être la balise » comme le dit si joliment la charte des doulas « dans un environnement parfois complexe, avec de multiples intervenants ». Avec toujours pour objectifs qu’ils fassent les choix qui leur conviennent, qu’ils aient assez confiance en eux pour croire en leur choix.

J’ai le souhait profond que l’accompagnement de la naissance puisse évoluer en France, vers plus d’humanité et j’ai sincèrement envie de faire partie de cette évolution…

Leslie

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« La femme maison », de Louise Bourgeois 2004 (découverte avec plaisir à la Tate Modern de Londres cet automne)

 

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