J-1:
J’ai les chocottes, depuis 3-4 jours sur les conseils des organisateurs du jeûne, je réduis mon alimentation, cela s’appelle la « descente alimentaire ». Pas d’alcool, pas de tabac, pas de protéines dans un premier temps et puis la veille du jeûne uniquement des fruits et des légumes. Je ne suis pas une très bonne élève et déroge un peu au « guide » en partagant un chouette repas au restaurant japonais avec ma sœur!
Le soir c’est la « purge », l’objectif est de vider les intestins pour les préparer au jeûne. Je décide d’opter pour l’option « jus de pruneaux », 75 cl avalés tranquillement en 30 minutes, c’est radical!
Je suis sensée manger une soupe épaisse de légumes le soir, mais impossible, rien ne passe, je crois que ce sera le début de mon jeûne!
Jour J
Nous déposons les filles au centre de loisirs et à la crèche, j’ai le cœur gros en laissant ma Petite en pleurs, et Ma Grande un peu réticente à rester au centre de loisirs. elles ont dû sentir ce qui se tramait et mon émotion de les laisser une semaine entière!
Lulu m’accompagne jusqu’à la gare, une drôle de sensation, comme si nous étions deux étudiants se quittant sur un quai avant de nouvelles retrouvailles dans quelques temps. Je pense déjà avec plaisir que dans une semaine nous nous retrouverons quelque part dans le Lot pour nos vacances en Famille.
Je prends place dans le train et je déconnecte, je suis seule avec moi même, je n’ai aucune contrainte, pas d’horaire, aucune responsabilité. Je savoure, j’ouvre un roman… J’en dévore la moitié avant d’arriver à mon point de destination.
Je prends plusieurs trains et bus avant d’arriver, comme si ce séjour, je devais un peu le mériter.
L’arrivée au gite se fait en mini groupe puisque j’ai rencontré à la gare quelques compagnons jeûneurs; Les discussions, timides, s’enclenchent. Il y a ceux qui ont déjà jeuné, les autres, curieux comme moi de découvrir cette expérience.
Depuis le matin, j’ai mangé du melon, de la pastèque, un abricot, et un petit bol de Gaspacho préparé par Lulu avant mon départ.
Je n’ai pas faim, je crois que ce sera la ligne directrice de tout mon séjour.
Au gite on nous présente nos chambres, le fonctionnement des lieux, quelques règles de vie puis vient le temps des présentations officielles de chaque membre. Déjà je sens que des affinités avec certains jeûneurs se dessinent.
Les participants sont de tous âges, de la trentaine à la soixantaine, quelques couples, des personnes arrivant de toute la France et même de l’étranger.
Notre hôte nous explique aussi précisément le fonctionnement du jeûne. L’eau à volonté et les tisanes, à prendre en complément dans la journée.
Le matin nous diluons aussi un verre de jus de fruits dans nos gourdes de randonneurs, à boire doucement durant la randonnée. Le soir vient le temps du partage du bouillon de légumes (à mâcher!) que l’on partage tous ensemble au soleil sur la terrasse.
À 19h nous partageons le repas qui va démarrer officiellement le jeûne, même si j’ai déjà la sensation d’être entrée dans cette phase avec la purge de la veille.
Comme conseillé par nos hôtes, je mâche donc le jus de Breuss que nous partageons. C’est une drôle de sensation…
Le soir après chaque repas des activités ou conférences sont proposées. Ce soir extinction des feux à 22h, j’ai mal à la tête et un aphte qui me fait super mal… Mais je n’ai pas faim!
J1
Nuit agitée, avec réveil et insomnie, c’est le corps qui travaille, je soigne mes petits bobos par du naturel, ça me change du doliprane! Bicarbonate de soude pour mon aphte et huile essentielle menthe poivrée en application pour les maux de tête.
Le matin, avant le départ pour notre randonnée quotidienne, des activités d’éveil corporel, de yoga ou encore de méditation sont proposées. Je découvre des choses toutes nouvelles pour moi, j’adore ça! Je vis chaque instant à fond, toujours sans faim, sans envie particulière de dévorer un steak frite ou une Tartiflette!
Chaque matin, deux randonnées nous sont proposées, une « petite » de 5 à 6 kilomètres environ et une plus grande de 10 à 13 km.
Les paysages de la régions sont magnifiques, les discussions se lancent sur les chemins, nous échangeons, sur nos vies, nos passions, nos questionnements. Rapidement nous échangeons sur des choses plus personnelles, comme si le petit cocon que forme le groupe invitait à la confidence.
Les quatre heures de rando passent sans problème, je ressens une bonne fatigue en arrivant et profite de l’après midi au calme sur la terrasse de notre maison.
Les après-midi sont consacrées aux soins, du corps et de l’esprit. J’ai choisi quelques soins optionnels, dont j’ai choisi de ne pas parler ici mais qui participeront aussi au bien être ressenti à l’issu de cette semaine de jeûne.
Le soir à 19h, nous partageons notre premier bouillon. On plaisante en se disant que nous attendons cela avec impatience comme si c’était le repas de Noël. Certains ont faim et des grandes envies; moi je n’ai toujours pas faim mais toujours mal à la tête par intermittence.
Je me couche tôt, après un temps de parole très riche où chacun peut faire part de son ressenti à l’issue de cette première journée complète de jeune. C’est assez incroyable de voir les différences de ressenti. Nous nous écoutons avec beaucoup de bienveillance, un regard très positif sur le ressenti de chacun.
J2
Après de nombreux réveils nocturnes et insomnies, j’émerge à 6:45, une barre à la place du front et une grande fatigue.
Je suis physiquement fatiguée, notre hôte me propose, comme à d’autres, une petite cuillère de miel pour éviter l’hypoglycémie. Je ne la refuse pas!
Je pense pouvoir faire la « grande rando » mais mon corps me dit que ce ne va pas être possible. Je décide d’être à l’écoute de mes sensations nouvelles. Après la randonnée de deux heures, je m’allonge dans mon lit et je m’endors immédiatement pour deux heures. au réveil je suis toujours fatiguée mais plus en forme, je sens que cette journée est un tournant dans ma semaine de jeûne. Ce que je décris est d’ailleurs plutôt « habituel ». Heureusement le soir il n’y a pas d’activités, je me couche après avoir bu beaucoup d’eau. Durant cette journée et tout au long de la semaine, le soutien du groupe est palpable. Pendant la randonnée, une personne se retourne pour demander des nouvelles, une autre vient poser sa main sur l’épaule d’une autre. Spontanément nous prenons soin les uns des autres, cela fait du bien au corps et à l’âme.
J3
Je dors 8 heures d’affilées et je me réveille à 6:30 avec une énergie débordante qui ne me quittera plus jusqu’à mon départ.
Ce matin là je marche 13 km dans les montages avec 500 mètres de dénivelés, j’ai du mal à croire qu’à aucun moment je n’ai faim, je ne ressens aucune fatigue à part les mollets qui travaillent (comme tous les autres jeûneurs, même les marcheurs les plus aguerris!)
Nous parlons régulièrement recettes. J’ai l’impression de me nourrir des qualités de cuisiniers de mes
comparses jeûneurs. Ils ont des connaissances que je n’ai pas pas en diététique. Notre hôte, naturopathe, partage aussi lors de
conférences les bases de la nutrition. J’en apprends plus sur les oméga 3,6 et 9 et d’autres infos sur l’alimentation. J’ai envie de me nourrir (ah ah!) de tout cela pour prendre de nouvelles bonnes habitudes. Notre hôte me dit avec justesse que l’on ne peut pas tout changer radicalement à notre retour « à la vraie vie », mais que chaque petit changement compte…
J4 et J5
Les jours défilent, dans une bonne humeur générale, nous avons passé les premiers jours difficiles. Nous planons sur un nuage de bien être physique et aussi psychique.
J’avais emmené des livres, des ouvrages de tricot, mais je me surprends à m’allonger dans un transat et à savourer les paysages, les montagnes à perte de vue, le soleil qui me réchauffe la peau. Je prends soin de moi, je prends le temps de ne rien faire à part écouter mon corps, c’est magique.
J6,
Le jeûne se termine, nous ré-enclenchons notre système digestif avec un super petit déjeuner, le Miam aux fruits de France Guillain . La matinée permet à nos hôtes de nous donner quelques conseils pour notre reprise alimentaire et aussi pour le retour à « la vraie vie ». Nous enchaînons avec un sublime cours de cuisine végétarienne et sans gluten. nous partageons ensuite avec grand plaisir ce repas préparé tous ensemble, je ne peux pas finir mon assiette. J’écoute mon appétit, je savoure chaque bouché de ces mets pas du tout salés et dont les goûts explosent en bouche après cette semaine de jeûne.
Et puis, c’est l’heure du départ déjà, je suis à la fois heureuse (car je vais retrouver mes
Lulus) et triste de quitter cette belle parenthèse enchantée.
j’écris depuis le train, je redécouvre mon téléphone portable laissé dans la valise toute une semaine. Il ne m’a (presque!) pas manqué et le sevrage m’a fait du bien.
Il y’a deux semaines, j’avais prévu de venir tout raconter de cette expérience , de mener un journal détaillé, de narrer la moindre petite anecdote.
Aujourd’hui, après avoir vécu mon jeûne, je n’ai plus tout à fait envie de çà. J’ai donc partagé une partie de mon ressenti mais je garde pour moi l’essentiel, ce que j’ai ressenti dans mon cœur, ce que ce jeûne, cette semaine en groupe m’ont apporté, je le garde pour moi, comme un petit trésor.
Un jeûneur du groupe parlait de la sensation de « reset » procurée par le jeûne, l’impression que l’on démarre une nouvelle page de notre vie.
Aujourd’hui, j’ai l’impression de vivre le premier jour du reste de ma vie. La sensation profonde d’être restée moi-même, mais d’en être une version améliorée.
Je garde en tête ce joli proverbe qui me parle particulièrement:
« Le pain de demain n’est pas cuit, le pain d’hier est rassis, savourons le pain d’aujourd’hui »
Si vous voulez en savoir plus sur le jeûne, je vous conseille de voir le documentaire diffusé sur Arte:
http://future.arte.tv/fr/sujet/le-jeune
Et pourquoi pas de lire le livre sur la
Méthode Buchinger « l’art de Jeûner » de Françoise Wilhelmi de Toledo.
Je partage aussi le lien vers le lieu où j’ai effectué mon jeûne, l’Amandier, chez Dominique et Pierre Juveneton à l’Amandier, un couple d’une sincérité, une bienveillance et un professionnalisme incroyables!
Et enfin, un autre témoignage, d’une journaliste de « psychologies » ayant jeûné à l’Amandier.
N’hésitez pas à me poser des questions sur le jeûne si vous le souhaitez, je serai ravie de partager sur ce sujet!
J’adore les photos de tes pieds 🙂
Plus sérieusement, je te remercie de partager cette expérience avec nous. Si je le pouvais, cela me tenterait bien, mais malheureusement, je ne peux pas m’y risquer à cause de mes hypoglycémies.
D’ailleurs, personne n’a fait de crise ?
De plus, j’ai déjà fait de la sophrologie et je me laisserais bien tenter par la méditation…et je suis d’accord, il faut changer petit à petit son mode de vie, pas trop brutalement si l’on désire de la constance.
Gros bisous et bonnes vacances à vous quatre.
Merci de ton petit mot Magali.
Non pas de crises d’hypo, les organisateurs nous avaient briefés pour être vigilants aux signes et en cas de doute, les jeûneurs prenaient une petite cuillère de miel pour faire repartir la machine 😉 je vous embrasse tous les 3
C’est une superbe expérience que tu as vécue et qui me donne très envie aussi. Avec l’âge, oui oui je me sens vieille, je veux moi aussi me reprendre en main et ai également commencé la course à pied !
C’est exactement ce que je ressens… Le temps qui passe m’amène à une prise de conscience de l’importance de prendre soin de moi! Bravo pour la course à pied! On se suit à distance 😉 gros bisous