Comment parler du deuil périnatal?

Ici, j’ai le plus souvent envie de partager des moments de douceur et de bonheur, mais aujourd’hui, j’ai envie de parler de ce sujet important, le deuil périnatal, auquel j’ai été confronté (indirectement) pour la première fois cette semaine.

Il y a quelques jours, un couple de voisins m’a annoncé une très triste nouvelle, ils viennent de perdre leur bébé au cours du 9ème mois de grossesse. C’est le Papa qui me l’a appris alors que je prenais auprès de lui des nouvelles de la future maman et du bébé…
À cette annonce,  j’ai été sous le choc, et ma réaction a juste été de pleurer devant ce Papa qui me semblait à la fois si fort et si fragile, je sentais que la douleur était là mais qu’il n’avait pas d’autre choix que de tenir le coup pour sa femme et pour leur grande fille. J’ai pensé que je n’étais vraiment pas à la hauteur en me mettant à pleurer devant ce Papa…Et puis en fait non, alors que nous marchions tous les deux dans la rue, il s’est mis à me parler, à me confier leur incompréhension, pourquoi eux, leur chagrin des derniers jours et l’attente interminable jusqu’à la naissance de leur bébé mort dans quelques jours seulement…
J’ai été bouleversée, chavirée, retournée par notre échange; Perdre un enfant, quoi de plus terrible. J’y pense tous les jours depuis, plusieurs fois par jour même, en regardant vivre mes deux filles. Pour nous la vie continue alors que pour eux, la vie s’est arrêtée mardi dernier….
J’ai envie d’etre présente pour eux, sans être envahissante, mais comment puis-je les soutenir? quels mots utiliser? Quels gestes faire sans paraître trop maladroite ?
Une amie que j’ai appelée quelques minutes après cette rencontre, pour tout autre chose au départ, m’a fait comprendre qu’il valait mieux être maladroite que muette face à la mort d’un enfant. Elle m’a parlé longuement du deuil périnatal, des formations qui existent pour etre guidé dans l’accueil des sentiments des personnes confrontées à la mort de leur enfant. Cela a vraiment du sens je trouve, car dans notre société, dans laquelle nous ne parlons jamais de la mort, nous ne savons plus quoi dire, quoi faire quand nous y sommes confrontés, nous ne savons pas comment soutenir nos amis, notre entourage, nos connaissances face au deuil…Elle m’a précisé qu’il existe de nombreuses associations de soutien au deuil périnatal, des groupes de paroles, comme par exemple à Paris, Naître et Vivre, Apprivoiser l’absence, ou encore Agapa 

Cette discussion avec mon amie m’a rappelée le décès de ma grand-mère, qui a beaucoup compté dans ma vie, et l’incompréhension d’une partie de ma famille face au fait que je souhaitais que mes filles, même petites,  soient présentes lors de ses obsèques. Je crois que masquer le deuil, la douleur, aux enfants n’a pas de sens, eux qui sentent tellement aisément notre peine… La mort fait partie de la vie, peut être même qu’en parler plus librement, l’inclure dans nos vies, permet d’en avoir un peu moins peur?
Maintenant que ce couple m’a annoncé le décès de son bébé, je me demande quoi leur dire lorsque nous nous croiserons au détour d’une rue du quartier. Je sais que la mort fait partie de la vie mais dans nos sociétés ou nous évitons d’en parler comme si cela nous évitait d’y être confrontée, d’y faire face,  je voudrais leur dire que nous sommes là, pour boire un café, pour échanger, leur dire qu’on n’oublie pas, que leur bébé a existé même s’il n’est pas né vivant…Finalement il est plus simple de ne rien dire, par peur de blesser et c’est là que commence l’isolement dans le deuil, on omet de parler de ce bébé, leur bébé, comme si en n’en parlant pas, en faisant presque comme s’il n’avait pas existé, on atténuait leur peine. Mon amie m’a fait prendre conscience qu’il fallait laisser la place potentielle à la parole; Je n’hésiterai pas, en les croisant, à leur demander s’ils « tiennent le coup », à leur dire qu’en ce début de semaine j’allumerai une petite bougie en pensant à eux et à leur bébé…Peut être que ces paroles les aideront à exprimer leur peine, et peut-être pas d’ailleurs. Je voudrais juste qu’ils sachent qu’on pense à eux.
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5 commentaires Ajouter un commentaire

  1. amanda dit :

    bonjour, vous pouvez aller sur le site de l’association Petite Emilie, vous y trouverez des conseils pour accompagner au mieux vos amis.
    Ayant vécu un deuil périnatal, je peux vous dire que la solitude et le silence de l’entourage sont très difficiles à vivre.
    Parlez leur de leur bébé, dites leur son prénom…ce sont des mots doux pour ces parents.
    Merci de parler de ce deuil, merci d’avoir été touchée par le sujet
    Tendres pensées pour tous ces bébés partis trop tot
    Amanda

    1. merci beaucoup Amanda pour votre témoignage qui me touche beaucoup. le site de Petite Émilie donne des pistes très justes je trouve, merci d’avoir partagé ce lien. Douces pensées pour vous, Leslie

  2. mamanfwoggie dit :

    état moi-même une mamange, consciente qu’il n’est pas facile de « nous » parler, j’ai récemment écrit un article pour aider les gens à nous aider…à comprendre, un peu. Merci en tout cas de tes questionnements et de ce sujet si tabou.

    1. Merci de partager votre vécu, vos mots sur votre blog m’ont profondément émue. Perdre « la chair de son coeur » me parait tellement insoutenable… je vous souhaite que la vie s’installe de nouveau dans vos vies (même si une nouvelle vie ne remplacera jamais votre petit garçon…) Mes pensées vont vers vous 3, vous deux Mamans et votre petit rayon de soleil ☀

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